DEAR CARS

Prenez votre temps. Trois nouvelles du Troubadour, qui se suivent au fil de la route, et que le monotype présenté ici illustre.

Cars (24 cm X 18 cm) – 30€ sans cadre – livrable sur Morlaix et les environs ou par envoi postal avec 1€ de frais de port.

D E A R I M P A L A

Je cherchais un coin tranquille. Ombragé, entre rivière et montagne, pour la fraîcheur, suffisamment spacieux pour que le chien s’y plaise, et si possible sauvage, tout du moins peu fréquenté, afin d’y être peu dérangé.
J’avais une nouvelle à rendre pour la saison II des Carnets So Rad et si le matériel de base, à savoir l’idée d’un vague synopsis, était toute trouvée, la motivation pour venir à bout, et dans les temps, de ce travail pourtant peu fastidieux, manquait cruellement.
Trop de bruit et de dérangement m’entourait, la ville m’oppressait, il me fallait donc trouver un coin où simplicité rimerait avec nature. Je m’étais donc acheté un kilo de carotte, un pack d’eau gazeuse à bas prix et une bouteille de Bordeaux. J’avais embarqué l’animal dans l’Impala, ainsi que mon carnet et les quelques affaires que je jugeais alors nécessaire, et prenais la route.

Arrivé dans les Cévennes, l’orage grondait tellement fort que la chaussée en tremblait. Je bifurquais sur un petit chemin, le suivais à la lueur de mes feux jusqu’à ce qu’il devienne sentier, et débouchais quelques centaines de mètres plus loin sur une clairière. Parfait me dis-je alors, et la pluie ne devait tarder à laisser place à l’été. Il était déjà tard, je faisais de la place dans le coffre pour m’y installer. La nuit s’annonçait bonne, bercée par les grondements de tonnerre et illuminée par les éclairs.

Le fracas assourdissant me réveilla d’un coup. Un arbre venait de s’abattre à quelque centimètre du break, fauchant au passage le rétroviseur gauche et rayant salement tout ce coté ci de la carrosserie. Emporté par la foudre, le sapin de dix mètres de haut en faisait maintenant neuf de long et m’avait évité de très peu. De trop peu d’ailleurs. Si peu que je me résignais à ne pas rester une heure de plus, cet endroit ne voulant pas de moi.

En pleine nuit, je reprenais donc la route et me trouvais une petite aire de repos, entre deux semi-remorques faisant ronronner leur moteur dans ce qu’il me paraissait être des heures, quand ce n’était que quelques minutes avant de reprendre leur chemin. Le lendemain matin, les yeux bouffis d’une mauvaise nuit, je repartais. Cherchant cet endroit qui me rendrait l’inspiration, qui animerait ma plume et rendrait fluide le flow de mots entassés dans mon cerveau. J’arrivais dans les gorges du Tarn, dans la région tout du moins car ici, chaque route longeant un bout de rivière porte le nom d’une gorge différente.

Un petit chemin, devenant sentier une nouvelle fois, s’ouvrait sur un bout de terrain. Pas de panneau interdisant les lieux, pas d’habitation rendant explicite la vie humaine depuis quelques kilomètres, une rivière et des falaises tout autour. Le coin me plaisait et je coupais le contact, faisait cesser le moteur dans un tressautement fébrile, me faisant penser qu’il faudrait y jeter un oeil. Pauvre bagnole, pour une américaine de 1973, le traitement que je lui faisais subir en empruntant ces sentiers, n’était probablement pas celui pour lequel elle fut conçue bien avant ma naissance. Je l’avais récupéré à l’état d’épave dans une casse automobile du fin fond de la Creuse et l’avais retapé pendant sept longues années. Au fil du temps, c’était devenu ma maison et le nombre de miles avait depuis fort longtemps cessé de tourner sur le compteur. Éternellement bloqué à 278 923. Que les fanatiques des chiffres se rassurent, certain s’y sont déjà frotté avant et n’ont trouvé absolument aucune signification à ce nombre. Divisant, multipliant et s’engageant dans de sombres racines carrées de calculs aussi inutiles que fastidieux, rien. Le compteur s’était juste bloqué parce qu’il était trop vieux. Tout simplement.

La première nuit s’annonçait parfaite. Le bruit de la rivière, un léger vent faisant frissonner les branches d’arbres, quelques cigales… Seul le crissement du crayon sur le papier de mon carnet venait ajouter une note civilisée à la partition que Dame Nature me chantait. L’histoire avançait. Tout du moins jusqu’à ce que l’aboiement de Nelson, mon chien donc, ne vienne troubler la voluptueuse quiétude dans laquelle je m’étais plongé. Un type marchait droit vers nous, mini short jaune et marcel « tour de France », barbu mais mèche au vent, pétard fumant aux doigts. Putain de hipster. Il m’interpella, le chien ne l’effrayant pas « salut, tu campe ici ? – non non je suis juste venu faire du taï chi – Ah c’est cool on cherchait un coin où rester quelques nuits !!! ». Et le cortège des vans pourris, puants et bruyants, siglés au marqueur d’un VW baveux et à moitié effacé, défilait devant moi. Les néo-hippies, s’avérant être des enfants de bourgeois touchant le chômage de la fainéantise après quelques mois passés à bosser dans l’entreprise familiale, installaient leur camp à quelques mètres du mien, sortaient tambours et ukulélés, et jonglaient avec des bouteille de mauvais whiskey dans un joyeux bordel. Joyeux certes mais bordel quand même. Bordel signant la fin de ma retraite artistique. Aussi passais-je une nuit avec eux mais repartais dès le lendemain matin ; le but de mon voyage n’étant pas de faire la fête avec des gens que je méprisais, eux ne profitant de ces instants de liberté que pour mieux replonger dans ce monde d’apparence et de surconsommation dans lequel nous vivions. Car malgré l’apparence roots de leurs camions, tous avaient le dernier smartphone et ne cessaient de prendre le décor qui les entourait en photo, violant la pureté des lieux en quelques secondes, balançant sur les réseaux sociaux l’incroyable beauté du paysage. S’ensuivait de longs blancs dans les discussions quand chacun s’affairait à répondre virtuellement aux virtuoses commentaires de leurs potes parisiens. Drôle d’image que de voir des chevelus (mais bien coiffés) qui ne parlent pas autour d’un feu de camp, hypnotisé par la luminescence de leurs écrans.

Bien plus loin, encore plus enfoncé dans la montagne, une église et son cimetière s’offraient à ma vue. Une rivière, un torrent devrais je même dire, coulait juste à coté et un champ officiant en lieu de parking semblait me dire de venir. Les morts feraient d’excellents gardiens de la tranquillité, la bâtisse tombait en ruine et marquait l’absence d’entretien. Peu de gens devaient se rendre ici. Je m’octroyait donc le droit d’asile et y établissait mon camp. La journée se passait, entrecoupée de baignade avec mon fidèle compagnon qui découvrait et appréciait les joies de l’eau fraiche en été. Pas une âme qui vive. La nuit tombant, j’ouvrais ma bouteille de rouge, sorte de célébration à la paix enfin trouvée. L’histoire touchait à sa fin, j’en attaquais même deux autres sur des idées nées dans le vacarme tumultueux du torrent. La moitié de la bouteille entamée, je me resservis un verre et me rendis alors compte que la voiture n’était pas de niveau. Finissant d’une traite ce qu’il me restait, je pris les clé et mis le contact. Et Nelson d’aboyer de nouveau. Une lueur bleue, clignotante à la manière d’un gyrophare de police arrivait droit sur nous. Ce n’était pas la police. « Gendarmerie Nationale bonjour, que faites vous ici monsieur ? »
Je leur répondais alors bonsoir, premièrement et car c’était la nuit, et leur étalais tout mon projet de quête dans la tranquillité afin d’écrire. Eux me voyaient au volant, moteur vrombissant dans mes tentatives de mise à niveau avant la nuit et me tendirent un éthylotest. Je déclinais l’offre, poliment bien que relativement ivre, probablement en me moquant gentiment. Sensiblement trop à leur goût car quelques minutes plus tard, je me retrouvais embarqué en cellule de dégrisement. Pour un demi gramme de trop, je me voyais infligé d’un retrait de permis, qualifié d’immédiat par le lieutenant qui m’avait très formellement proposé de souffler au ballon. Délit d’ivresse, j’étais effectivement au volant.
J’avais réussi à soutirer une exceptionnelle autorisation, écrite et signée, pour rentrer chez moi, avec obligation de dépôt de permis à la gendarmerie du bourg dans les vingt quatre heures.
Arrivé à mi chemin, le moteur me lâcha, pour de bon cette fois. Dans le transvasement des affaires de ma vieille Chevrolet à la voiture de location que l’assurance mettait à ma disposition, mon carnet fût égaré.
Ce genre de chose dont on ne se rend compte qu’une fois que l’on est arrivé.

D E A R 5 0 4

Une semaine que je venais de récupérer mon permis de conduire, une !

Je venais de passer trois mois – une éternité pour qui vit par le goudron – sans pouvoir me déplacer. Je n’avais de toutes les façons plus de véhicule depuis la mort foudroyante de ma Chevrolet Impala de 1973, trois mois et six jours plus tôt. Il m’aurait certes fallu bien moins de temps pour trouver une solution de remplacement, si mon permis n’avait pas fini dans les poches trop bleues d’un lieutenant trop zélé.
Prenant le temps, je dénichais deux semaines avant de finir de purger ma sentence, une vieille Peugeot 504. La version pick-up. Elle avait de l’allure, rouge comme l’était feu mon Impala et était en bon état. Le moteur avait déjà été changé une fois au bout de 380 000 kilomètres et elle en affichait maintenant 410 520 après les 450 bornes qui la ramenaient chez moi.
La semaine avant de récupérer mon permis, je bricolais la benne de mon nouveau carrosse, l’adaptant de manière à pouvoir tendre une lourde et épaisse toile de tente canadienne par dessus et à pouvoir y stocker un matelas, le nécessaire pour une cuisine très basique et une deuxième batterie, qui avec l’assistance d’un petit transfo, me permettrait lors de mes balades, de recharger le téléphone, l’appareil photo ainsi que l’ordinateur.

Ainsi je retrouvais ma liberté, quelques minutes après avoir récupéré ma carte rose, au volant usé d’une Peugeot de 1979, en route vers la Bretagne. Des envies d’air iodé et de mers déchaînées me guidaient sur le millier de kilomètres qui traversait la France. À un problème d’alternateur près – trop puissant et ayant fait flamber la batterie au bout de 505 kilomètres – et d’une ignoble nuit dans la Creuse – ayant monté mon campement dans un champ, lequel s’avérait être le parking d’une boite de nuit. Le tout était dissimulé dans un bosquet d’arbres, au beau milieu de la campagne et s’était mis en branle vers les deux heures du matin. Dur. Le trajet se déroulait sans encombre, et je me traînait mélancoliquement à 80 kilomètres par heure sur les routes nationales, encore plus lentement sur les départementales. J’étais heureux d’enfin pouvoir rouler simplement, librement, lentement, et de sentir les vibrations d’un vieux moteur sous la pédale d’accélération.
Une fois n’est pas coutume, je cherchais sans m’en cacher un coin tranquille. Histoire de renouer avec ma conception de la route, une vision plus contemplative que pratique, une manière de s’évader au fil des paysages traversés plus que dans l’idée de se rendre d’un point à un autre sans prendre le temps d’en profiter.
Si la tache s’était avérée ardue en début d’été dernier, j’imaginais la chose bien plus aisée, les premières fraîcheurs et couleurs d’automne pointant le bout de leur nez.

Le Mont Saint Michel est fréquenté toute l’année, mais si l’on veut bien se perdre dans les méandres du Couësnon, et à se laisser aller dans l’exploration des bouts de chemins menant aux recoins isolés de la Baie, alors des fois, au détour d’une de ces omniprésentes chapelles, l’on peut trouver l’endroit idéal. Ce genre d’endroit que j’aime appeler, un coin tranquille.
Le Couësnon dans sa folie, ayant mis le Mont en Normandie, c’est donc en terres bretonnes, à cent mètres de la ligne chargée d’alluvions et signant la démarcation, que je coupais le contact, sûr d’avoir enfin trouvé ce début de Graal, celui de ma quête d’inspiration tranquille, pour mettre sur papier les mille pensées de mon périple passé, ici, sur les digues surplombant cette vaste plaine humide et iodée qu’est la Baie du Mont Saint Michel.
Je lâchais Nelson, toujours fidèle au poste, en bon chien, dès lors qu’il s’agissait de prendre la route, et il fonça droit sur un troupeau de mouettes rieuses, hilares de voir cet énergumène à quatre pattes et à la queue en trompette galoper frénétiquement à travers les bancs de sable.

Une fois installé le matelas et la toile au dessus de la benne, je décapsulais une Caracole. Une bière belge, blonde et légèrement fruitée, subtile dans les notes de douceur qui se dégageait sous le palais. Une bière comme seul mon cousin pouvait dénicher, grand zithologue qu’il est, fascinant métier. Je sirotais, laissant les notes de houblon imprégner mes papilles, le liquide houbloné s’évadant en une tranquille amertume dans la descente de mon gosier.

Je faillis me noyer dans la mousse ! Au bout du semblant de chemin qui m’avait mené ici, la silhouette d’une camionnette se dessinait, suivi d’un épais nuage de poussière. Et le chien de se mettre à gronder et à aboyer. Des punk-à-chiens me disais-je, des putains de punk-à-chiens !!! L’état de la camionnette, les vieux graffitis recouverts par d’immondes tags, la fumée qui s’en échappait ne laissait que peu de place au doute. Mon coin tranquille allait se transformer en squat – peut être même en scène illégale pour énervés de musique tekno – grouillant de punk-à-chiens. Nelson allait se faire tailler en pièces par les pit-bulls, j’allais me faire taxer la moitié de son sac de croquettes, la totalité de mon pack de bières allait y passer et je pouvais dès lors oublier l’état de création poétique dans lequel je commençais tout juste à sombrer.

Un barbu, la cinquantaine, et une gamine. Ils regardèrent mon campement, pointant du doigt le chien et me dévisageant. Surtout le barbu. En lieu et place de punk-à-chiens, c’était une famille de hippies qui semblait venir vers moi. Il tira le frein à main, le moteur de son estafette Renault ronronnant toujours, et ne fit que baisser la vitre. « Tu viens d’où ? » C’était un paysan, un gars du coin visiblement, et il allait me dégager de son champ. Dehors les étrangers – me disais-je, empreint de ma crise de pessimisme aiguë face à ce désagrément qui m’était apparu sur la ligne d’horizon.

« Ah t’es de Savoie, y’a du bon fromage là bas, la tome des Bauges
⁃ C’est là que j’habite
⁃ Ah bah très bien, je fais du fromage moi aussi, j’ai même de la tome de brebis. Faite ici. On revient du marché nocturne de Cancale avec ma fille, c’est ma troisième, j’en ai cinq des gamins. »

Toujours sur mes gardes, je répondis, presque froidement, sans montrer d’agacement. Je me demandais si il ne se moquait pas de moi, de la tome du Mont Saint Michel… L’œil vif, presque moqueur, il continua sa présentation.

« Mes brebis broutent ici, quand la mer ne recouvre pas les champs. Je venais voir ce qu’il en était justement, les grandes marées approchent. Tu fais quoi ici, tu dors là dedans ?
⁃ Oui, petite installation maison, le chien aime bien.
⁃ J’imagine.
⁃ Je comptais passer une ou deux nuits ici, l’endroit est joli. C’est pour écrire. Si cela ne pose pas de problème bien sûr.
⁃ Oh bah non, mais ne va pas plus loin ou tu risques de passer une nuit humide »

Je ne comptais pas aller plus loin. Le bonhomme avait l’air sympa, je me détendais, n’avais plus besoin de forcer le sourire. Il dégageait de cette personne une fantaisie certaine, un manque absolu de timidité et une certaine propension à vouloir partager les choses. Je le sentais sur la réserve, il voulait bavarder plus. Sa fille souriait, et ne quittait pas Nelson des yeux.

« Aller, je te fais goûter. » Coupant le contact, il ouvrit la portière et descendit cette fois de son siège. Me tapant sur l’épaule, il me dirigea vers l’arrière de son camion, ouvrit les battants et souleva une caisse. L’estafette puait le bon fromage fermier. Et Nelson par l’odeur alléché, de s’empresser de pointer le bout de sa truffe. « Tiens goûte moi ça, on sait faire de la tome nous aussi. C’est de la tome fraîche, on ne la laisse pas vieillir comme vous autres des montagnes. Enfin pas moi en tout cas. Mais je ne fais pas grand chose comme les autres. On me le reproche souvent et je les emmerdes. Tu veux savoir quel est mon slogan. Tiens lis ça » – et il sortit alors de derrière les caisses de fromages, son écriteau, avec marqué à la craie :

VOUS VOULEZ CHANGER LE CLIMAT (SOCIAL) ???
MANGEZ DONC DU BREBIS ? ÇA REND GENTIL !!!

J’imaginais sur le champ un QUELQUE CHOSE NE TOURNE PAS ROND ??? MANGEZ DU REBLOCHON, ÇA REND MOINS CON !!! Il venait de toucher juste. De ma dubitation originelle il ne restait plus rien, remplacé par de la pure curiosité quant à en savoir plus sur ce singulier personnage, personnage qui se révélait tout bonnement fascinant phrase après phrase.

« Oh fait, je m’appelle Nestor, j’habite à deux minutes d’ici, une grange à cinquante mètres de la frontière normande.
⁃ Enchanté, voici Nelson, et moi j’arrive de Savoie mais je passe pas mal de temps dans ma voiture ici et là. Je me balade, chaque chemin me mène à de nouvelles destinations. Ce n’est pas trop dur de trouver le temps de voyager quand on a un troupeau à gérer ?
⁃ Bah je voyage avec mes brebis. Tiens regarde, je les ai emmenées à Paris déjà. Sous la pyramide du Louvre.
⁃ À l’occasion du Salon de l’Agriculture ?
⁃ Pas du tout, c’était la veille de l’investiture de Valls en premier ministre ainsi que de la nomination d’Hidalgo en tant que maire de Paris. Quinze moutons et deux chiens ! C’est pas des conneries hein, y’a même des vidéos sur YouTube. Le vigile n’a rien compris, on lui a envoyé un mouton dans les bras, les autres on les a portés dans les escaliers, laissé les chiens faire leur job de regroupement et ils étaient là, en plein milieu du Louvre, sous la pyramide de verre. Je peux te dire que les touristes japonais ont fait crépiter leurs appareils. On était la meilleure attraction du jour.
⁃ Une raison particulière j’imagine ? Je ne suis pas trop au fait de ce qu’il se passe dans le monde de l’agriculture, si ce n’est que beaucoup s’endettent au nom de la surproduction et de recevoir toujours plus d’aide de l’État, et que cela me semble être un mode de pensée complètement archaïque.
⁃ Ça j’en connais un paquet. Mais non, et puis je ne suis pas de ce monde là. C’était pour protester contre les lois sur la traçabilité de nos bêtes. Que tout soit pucé électroniquement. Mais je te le dis, si je dois pucer mes moutons, c’est comme faire suivre tes meilleurs amis à la trace. On puce déjà chien et chat. Si tu fais ça à tes amis, autant pucer femme et enfants. Donc éthiquement, j’ai déjà un problème. Et je peux te garantir une chose, c’est que foutre de l’électronique partout, ça gâte le produit final. Que ce soit viande ou fromage, si des ondes passent au travers de tout ça, ça vient tout chambouler. Et toi à la fin, t’ingurgites des trucs qui se sont faits transpercer d’ondes. Si on rajoute la pollution ambiante, sans même parler de certains aliments pour nos bêtes… Regarde les miens, ils ne bouffent que de l’herbe, celle des pré-salés, je ne rajoute strictement rien. Et pourtant cette mer, cette eau est contaminée comme le reste de la planète… Toutes ces nouvelles maladies, il ne faut pas s’étonner. Alors il y a ceux qui profitent de ce système mais qui ne voient pas plus loin que le fonds de leurs poches, ils vivent dans l’instant, il y a ceux qui se soumettent en connaissance de cause ou par manque de savoir justement, eux se disent que ce sera mieux plus tard, mais c’est maintenant que se joue le plus tard, et il y a les gars comme moi. Qui refusent d’obtempérer, qui font tout ce qu’ils peuvent pour tenter d’enrayer ce système et pour offrir de vrais produits. Bien sur quand je parle de vrais produits, je parle de produits qui soient dignes d’être savourés par cet extraordinaire don du goût que la nature nous a doté, des produits qui soient dignes de l’amour que l’on porte à nos vies. Pour autant, je suis loin de vivre sur la paille, c’est un mode de fonctionnement instauré sur la durée, sur le respect tout simplement.
⁃ C’est beau, j’aime beaucoup cette réflexion quant au goût doté par la nature. C’est vrai.
⁃ C’est beau mais c’est cher. J’en suis à quinze mille euros d’amendes pour refus de pucer mes bêtes. Pour l’instant je ne les paye pas. C’est en appel. Et je les emmerde. Les autres, ils font ce qu’ils veulent. Mais ce qu’ils produisent, ce n’est que du fromage à obsolescence programmée. Nul fromage n’avait de date de péremption avant que le monde moderne ne pourrisse le lait de nos bêtes.
⁃ Mais tout être vivant est criblé d’ondes de nos jours, entre le tout-connecté, l’internet, les satellites. Il ne doit plus y avoir un endroit dans ce monde où les ondes ne sont ?!
⁃ Ici non. Eh oui mon pote, la baie du Mont Saint Michel est protégée de tout ça. Il capte ton téléphone ?
⁃ Non.
⁃ C’est un bastion du monde ici, ça l’a toujours été. Les anciens l’avaient bien compris. Entre le Mont, cette colline et un menhir, rien n’est placé au hasard. Le menhir fait neuf mètres cinquante de haut et il y en a encore sept mètres enfouis dans le sol. Ces trois points forment un champ énergétique qui nous protège de tout ça, et du projet H.A.R.P. de ces enfoirés de ricains qui pourraient tout faire sauter à échelle mondiale, les satellites, les moyens de communication. On me sort tout le temps que l’on vit dans une ère dite connectée. Un peu trop si tu me demandes. Ça va jusqu’au bétail. Ils seraient foutus de tout faire sauter ces cons… Ici on sera tranquille. D’ailleurs pendant toutes les guerres du Moyen-Age contre les anglais qui tentaient et réussissait à envahir la région, le Mont Saint Michel est toujours resté français. Les marées n’ont jamais permis au moindre siège de tenir plus de quelques heures. »

Nous étions rendus dans ses prairies, au beau milieu de la Baie, à déguster des brins de salicorne et à laisser fondre des feuilles d’aubione sur la langue. Je lui racontais mes péripéties à mon tour, il insulta les gendarmes qui m’avaient fait perdre mon permis quelques mois plus tôt. Il revint sur son investissement dans la lutte fermière locale. Le soit disant bio n’était qu’une vaste esbroufe selon lui. Il y avait cent ans, le bio n’en portait pas le nom, et il n’y avait pas à faire le choix entre payer pour s’empoisonner ou se ruiner pour simplement en ralentir le processus. Nous nous entendions sur le fait que le plus important dans les échanges devait être la proximité mais tombions en désaccord quand à un avenir plus brillant pour le bien-être des bêtes et fruits et légumes, et donc de notre palais. Car c’est bien de cela qu’il s’agissait, d’une conversation entre gourmands de la vie. Le pack de Caracole tombait, une demi meule de tome fraîche aussi. Sa fille avait joué avec Nelson puis s’était rendue à pied rejoindre le restant de la famille.

« Viens donc chez moi, j’ai un truc à te montrer et tu passeras une belle nuit. C’est un concept que j’ai inventé il y a cinq ans. Du beau monde vient me voir depuis… »

C’était une yourte, montée dans la grange et au plancher ouvert en son centre, donnant sur le cheptel de moutons « pré-salés ». « C’est pour compter les moutons et s’endormir. Au top pour les insomniaques, t’as déjà essayé de compter un troupeau ? C’est impossible, ça bouge tout le temps ces saloperies ! ».

Le lendemain je reprenais la route, empestant le mouton dans la 504 mais avec une demi meule de tome fraîche, une rencontre improbable et une nouvelle histoire à raconter sous le bras…

D E A R  R A M

La 504 était morte. Puisse-t’elle reposer en paix, au paradis des vieux tacos, trop rouillés du châssis pour rouler avec fierté. Pour rouler tout court. Voulant honorer sa mémoire, je suis reparti en road-trip avec comme monture, un pick up Dodge RAM flambant neuf et équipé d’une cellule camping car grand luxe et toute fraîchement conçue. Ma grand mère venait de gagner le tirage au sort du supermarché de son quartier et tel en était le premier prix. L’ensemble n’était bien sûr pas un gigantesque cadeau. Non. L’idée était de promouvoir cette agence de location de camping-car non loin de Rochefort et l’offre ne durait que le temps d’un long weekend. Ma chère grand mère n’ayant pas de permis de conduire, elle m’avait fait don de son weekend monstertruckcamping-cardeluxe.

Je ne roulais pas depuis trois kilomètres avec cet énorme engin que je me garais en double file pour jeter un oeil au manuel du conducteur. Si il m’était dans un premier temps insaisissable – bien que supportable – de trouver comment baisser les vitres, quand vint le moment de me divertir et que je voulu user et abuser de la connexion bluetooth reliant la sono – forcément puissante – de l’american truck, à la musique de mon téléphone, le supportable montra là ses limites et je fini par me plonger dans le manuel sans fin de 908 pages – contenant au moins cinquante traductions plus ou moins approximatives, concoctées par l’un des fabricants les plus démesuré que pouvait compter les US. Garé sur le coté de la route, feuilletant les pages, je ne pouvais que me rendre compte de l’énormité de l’engin dans lequel je me trouvais et du pouvoir d’attraction visuelle qu’il dégageait. Tout le monde nous matait, et moi, du haut de mon perchoir, j’avais l’impression d’être le gardien sacré d’un mirador imprenable. Une heure de lecture plus tard, je fasais de nouveau vrombir le moteur, en rythme cette fois avec les profondes  basses de la sono marquant le tempo d’une mixtape de DJ Vadim. Un set hip-hop à l’ancienne. Partir serein. Enfin. La caboche pleine d’informations précieuses. La suite des évènements ? Quels qu’ils puissent être, avec un engin pareil, rien ne pouvait m’arriver. Noël venait de passer, et j’avais décidé juste avant de partir que la Bretagne serait ma quête d’un endroit tranquille. Connaissant déjà la côte, surf sous le bras, je me tournais vers l’intérieur des terre qui m’étais encore bien inconnue. Cap sur la lande ridées des collines du Ker Breizh.

En sortant de la ville, j’ai eu envie d’un peu de chaleur. J’aime rouler fenêtre ouverte pour sentir la fraicheur du jour, mais en plein hiver, ce plaisir est décuplé par la sensation du chauffage pointé directement sur les pieds. De toutes les manières, avec un V12 sous le capot, toute notion d’écologie était à jeter aux oubliettes de la consommation à l’américaine. Tournant un bouton, je mis le curseur dans le rouge. Et quelques chose d’absolument unique se produisit. Une onde de chaleur s’empara de mes fesses et de mon dos, ne me lâchant plus et diffusant dans mon corps de délicieux frissons. En voulant mettre le chauffage sur les pieds, c’est le siège chauffant que je venais d’activer. Les kilomètres et le paysage défilaient, le cul au chaud sur le siège en skaï, l’impression de dominer le monde de la route au volant de ce monstre. Quel pied, encore maintenant et je dois l’avouer, des frissons coupables se font écho de ce chaleureux trajet…

Une colline, un arbre, un chemin et une vue surplombant ce qui ressemble à une vallée perdue. Exactement ce que je recherchais. Depuis longtemps j’imaginais cette image chinoisée d’ombres naturelles. Je m’y étais déjà imaginé, avec ma 504 « tente canadienne », mais jamais je n’avais trouvé l’endroit approprié. L’allure de cette maison à quatre roues motrice m’avait replongé dans ce petit rêve, et voilà que l’opportunité de le réaliser se présentait à moi. Le chemin cahoteux au possible allait pouvoir me montrer les capacités passe-partout du véhicule. Je m’y engouffrais. Les secousses étaient violentes et l’ensemble hurlait le métal, grinçant, couinant, gémissant dans un mélange assourdissant de plaisir et de douleur mécanique. Je me garais sur le coté du chemin, empiétant légèrement sur le champs de terre retournée, laissant de la place aux éventuels tracteurs paysans exploitant les alentours. Coupant le contact j’étais sur le point de lâcher un petit soupir de satisfaction – le coin respirait la plus pure tranquillité, pas une maison de visible aux alentours, les routes et chemins que je venais de prendre ne me semblait qu’à peine empruntés… Parfait !!! Et c’est en décrochant ma ceinture de sécurité et en posant mes doigts sur la clenche de la portière que je sentis la secousse. À peine perceptibe, mais le camping car tanguait, en écho à ce qu’il venait de se passer. Dix centimètres. Juste sur le côté droit. Tout doucement et sans rien pouvoir faire. Je venais de m’embourber. Comme le dernier des camping-caristes. Détestable sensation. Je me sentis con, tellement con.

Contact. Quatre roues motrices enclenchées. Vitesse lente. Différentiel activé. Première. Mettre les gaz progressivement en tournant lentement les roues. Le véhicule se mit à trembler, à tressauter. Le Dodge ruait et se cabrait tel les fougueux mustangs du pays de ses ancêtres mais rien n’y fit. Dans les cahots de l’effort, j’entendis derrière moi un tiroir s’ouvrir et déverser son contenu sur le sol. Un paquet de riz s’écrasa avec force et fracas sur le sol et explosa sous le choc. Une bouteille d’huile d’olive bascula elle aussi et répandit son contenu partout où il pouvait s’infiltrer. J’entendis une bouteille de bière – une Lupulus Organicus à ma grande tristesse – exploser son bouchon dans le compartiment « cave ». Pour autant qu’il puisse être pire que de perdre sa bouteille préféré, le Dodge n’avait pas avancé d’un centimètre  mais s’en était enfoncé de dix. Bordel.

Branches d’arbres sanglées sur les pneus. Terre boueuse creusée autour. Mains marrons et frigorifiée – il ne faisait qu’à peine plus de trois degrés celcius. Contact. Quatre roues motrices enclenchées. Vitesse lente. Différentiel activé. Première. Mettre les gaz. Doucement. Sursaut d’espoir avant qu’un véritable carnage ne mette à bas ma fabuleuse idée de chaînes de fortune. J’avais dû voir ça sur un clip télévisé qui passait chez un copain il y a quelques temps. Idée de merde si l’on me demande. Ou très peu adaptées aux monstrueux pneus du pick-up, ce dernier pesant déjà le poids d’un cachalot mort, auquel se rajoutait celui de la cellule toute aussi démesurément néo-capitaliste. Un paquet de farine – je comptais me faire des crêpes et ainsi honorer mon quart de sang breton – se renversa lorsque le véhicule commença à s’élever hors des vingt centimètres de cavité boueuse. Quand les branches ont finit par rompre, le camping car s’est écrasé et s’est enfoncé de vingt bon centimètres de plus. Au sac de farine s’est alors rajouté un bocal de cornichons qui, explosant sur le rebord de la cuisinette, s’était répandu au sol, vinaigre et grains de moutarde s’ajoutant au riz, à l’huile, et à la farine. Je restais hagard quelques secondes, conscient du désolant spectacle qui allait se présenter à mes yeux lorsque j’oderais me retourner.… Dans le choc de la chute, ma tête était violemment  venu frapper le cadre de la portière restée ouverte. Les essieux de mon fabuleux engin, eux, reposaient sur le sol boueux. En ouvrant la porte de la cellule, il ne pouvait décemment rien arriver d’autre. Je suis piteusement monté dans l’habitacle, laisse traîner mon regard sur le chaos, et ne pu retenir un ricanement nerveux. Je me laissa tomber sur la banquette, blanche de farine. Je ne pourrait jamais récupérer la caution avec ce massacre…. En m’avachissant, une ultime secousse s’abattit sur ce désastre, comme en écho à ce brusque mouvement, blasé de ma colère. Je n’avais pas vu cette boite d’oeuf resté en équilibre. Quelqu’un veut de l’omelette ?

Même si je n’en pouvais plus, que je me sentais battu, à plate couture même, je décidais quand même de suivre le chemin, espérant qu’il me mènerait vers quelques paysans et leurs puissants tracteurs. Avec un peu de chance, il se moquerait copieusement de moi et me sortirait de ce… … bourbier. Il était à peine midi quand je me suis mis en marche.

La nuit commençait à tomber. Cela faisait cinq heure que je marchais en quête de la moindre âme qui vive. Je suis d’abord tombé sur une vieille ferme inhabité, les murs en mauvais état et la charpente lugubre. Ensuite, j’ai bien vu cette petite maison avec un grand hangar, abritant ce joli tracteur rouge me rappelant ce conte de mon enfance, Tracteur Max. l’histoire contait comment un cheval de trait mis à la retraite par l’arrivée du tracteur, le fameux Max, l’avait finalement sauvé lors d’un fort épisode orageux. Le tracteur rouge s’était embourbé et le cheval de trait l’avait sorti de ce mauvais pétrin. Ils étaient donc devenus amis et l’histoire se terminait sur cette fabuleuse image où cheval et tracteur gambadait gaiement dans la prairie. Sauf qu’ici, à la place du cheval, c’est un âne fou furieux qui m’a accueilli. A peine franchi le portail d’entrée qu’une bête féroce – l’âne donc –  me chargeait en rugissant férocement. Je me suis renseigné par la suite. L’âne braie, il ne rugit pas. Mais cet âne avait quelque chose de bestial et je reste depuis sur cette position vocabulique. Je continuais donc mon chemin sans demander mon reste et marchais encore une petite heure avant de tomber dans cette jolie ferme et de fabuleux tracteurs. Une petite vieille m’y accueille, l’oeil triste mais tout en sourire. « Mon mari vient de tomber malade, il est à l’hôpital. Seriez vous assez aimable pour m’aider à porter ces sacs de grains aux animaux ? » Je n’allais évidemment pas refuser. Trois heures plus tard je quittais Renée, la paysanne sournoise. Me proposant un thé pour mes services rendus, elle m’avait proposé de rentrer chez elle. M’exécutant, je jetais un oeil aux coupures de presse encadrées sur un mur de l’entrée. Sans rentrer dans les détails, les gros titres étaient assez évocateurs. « Seule face aux banquiers, elle repousse les tentatives d’expropriation », « Je serais là jusqu’à ma mort, ni homme-ni démon, ni dieux-ni maîtres ne saura occuper mes terres à ma place. » ou encore « La Simone Veil de l’agriculture – Féministe ou jusqu’au boutiste ? Elle prend le pari de régner seule sur ses terres ». Elle n’a pas bougé le moindre tracteur pour venir me sortir du sale pétrin dans lequel je me trouvais. Le vieille peau… Me faire croire que son pauvre mari était malade. Elle n’avais même pas de mari et devait bien se moquer de moi lorsque je lui racontais mes déboires. Grommelant, je repris mon errance en quête d’un sauveur providentiel. Cela faisait plus de cinq heures que je marchais. Les couleurs du ciel se teintaient de pastel, la lumière faiblissait, j’avais faim, j’avais froid et j’était toujours embourbé.

J’arrivais au terme de la boucle. Il faisait presque nuit. Je devinais au loin le chemin fatal dans lequel je m’étais engagé en fin de matinée. Je n’avais pas vu ce sentier. Quelques lumières brillaient derrière un gros chêne. Je m’y suis engagé, et tombait quelques mètres plus tard sur cette grosse exploitation agricole. Des vaches mugirent à mon arrivée, un chien aboya, et le ronronnement d’un gros tracteur m’accueillit. Béni soit ce bruit. Un gros paysan descendit de son John Deere, me salua, et je lui exposais non sans une certaine honte mon boueux problème. Me conduisant vers les lieux du drame, il me demanda d’où je venais. Savoie. Il se moqua de moi en sortant une énorme chaine et en attelant son tracteur au crochet à l’avant du RAM. Non je ne me suis jamais planté dans la neige, oui je me moque des touristes à qui cela arrive. Je suis un touriste ici. L’excuse de la terre gelée sur laquelle on peut rouler en hiver ne lui suffit pas. Il poursuivit ses railleries alors même que la chaîne se tendait. Le Dodge sortit de son ornière, comme si il ne pesait rien. Pouf. Comme si c’était une Smart que l’imposant tracteur sortait hors de la boue. Extirpant ma dernière bouteille de Lupulus, je la lui proposais en me confondant en excuses et remerciements. Il déclina mon cadeau. « J’ai arrêté de boire il y a un an. Ma femme m’a fait promettre. On avait trop picolé avec un copain et je m’étais perdu sur le chemin du retour, dans la brume. Ivre mort que j’étais, j’avais fin par m’endormir dans un fossé, en plein hiver. C’est le chien qui m’a retrouvé, j’étais à 100 mètres de la maison. J’ai failli y passer, on m’a retrouvé en hypothermie totale. Je ne bois plus une goutte depuis. » Il prit congé, non sans une ultime raillerie, totalement justifiée si l’on me demande, et me souhaita une bonne soirée. S’ensuivit un long moment de solitude à tout nettoyer. Je m’endormis dans des odeurs de vinaigre et d’oeufs séchés. Le lendemain, je décidais que la mer, finalement, ce n’est pas si mal. Je trouverai l’inspiration au son des déferlantes hivernales. Image chinoisée d’ombres naturelles… la blague.

Le Troubadour

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